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Un autre événement restera dans les annales de cette route du Rhum 1982. Une nuit, au milieu de la seconde semaine de course, un concurrent tombe à l’eau. Son trimaran à chaviré. L’australien Ian Robert Johnston n’à guère d’espoir de s’en tirer.


Miraculeusement, Olivier Moussy est sur la trajectoire du naufragé. Il repêche le marin dans des conditions périlleuses. Et l’on vit ça quasiment en direct sur les ondes de la radio. C’est le début de « l’humanitaire marin », le rappel que la vie d’un homme prime avant tout sur la victoire. L’histoire de la course au large sera ponctuée par quelques unes de ces belles aventures.


Moussy n’en était pas à son coup d’essai en la matière. Il avait déjà sauvé un autre marin dans la solitaire du Figaro en 1979. Dès lors, on le surnommera le Saint Bernard des Mers… Jusqu’à cette tragique transat Quebec-Saint Malo en 1988. Cette fois là, c’est Moussy qui tombe à l’eau. Mais personne ne parviendra à le sauver.  

Bruno Peyron et Mike Birch viennent compléter le podium.


L’aventure avec la route du Rhum s’arrêtera là pour Marc Pajot. A la navigation en solitaire, le marin va préférer la course en équipage et se lancer dans le défi de la Coupe de l’América.  

En tête de la flotte, Marc Pajot et son catamaran Elf Aquitaine ne sont pas épargnés. Après quelques jours de mer, le navigateur découvre une fissure dans la poutre centrale de son embarcation. Une fissure béante de quatre centimètres.


Avec beaucoup de sang froid et d’ingéniosité, Pajot fabrique un « brelage » pour ceinturer la poutre et ne pas abandonner la course. Stratégiquement, le secret sera bien gardé, pratiquement jusqu’à son arrivée.

A la marque de parcours de la Martinique, mais bien avant le gang des éclopés, lui aussi fait escale pour réparer.


Son équipe technique et ses proches l’attendent pour une intervention chirurgicale, chronomètre en main. Trente cinq minutes après son arrêt au stand, le voilier repart pour courir vers la victoire.

La course sera éprouvante pour Florence. « Je n’étais pas assez préparée à ce nouveau mode de navigation. Je n’arrivais pas à me libérer, j’avais peur de chavirer ».

Arrivée à la hauteur de la Martinique, elle retrouve plusieurs autres embarcations blessées dans la bataille. Loïc Peyron, Eugène Riguidel, et quelques autres encore… Ensemble, ils décident de s’attendre pour jouer la « course des éclopés ».

Quatre ans après son baptême du feu dans une transat en solitaire, Florence Arthaud a grandit.

Le marin n’a pas perdu de temps. Elle aussi s’est convertit à la navigation sur plusieurs coques. Se sera la première femme à piloter un trimaran. Le voilier bleu turquoise Biotherm est construit dans l’urgence.


Les délais ont été courts pour réaliser de véritables essais. A Saint-Malo, se sera un départ  sans filet  pour la navigatrice.

Mais Florence dévore et apprend le métier. Sa personnalité intrigue les médias. La jeune femme ne perd pas pied et trace sa route.  

Temps de toussaint, il vente à Saint-Malo. Les enfants de l’école Tabarly ne veulent pas manquer le rendez-vous.

 

Poupon, Kersauson, Pajot, Loizeau sont prêt à régater au milieu de l’Atlantique. Ce coup-ci, leur maitre à tous sera aussi de la partie. Eric Tabarly, grand absent de la première Route du Rhum, affûte sa nouvelle arme. Lui aussi a plongé dans le grand bain des multicoques et imaginer un trimaran qu’il rêve aérien. Se sera le bateau mal aimé « Paul Ricard ». Marc Pajot raconte : « Ce bateau, personne ne le sent, il ne séduit pas. Il est laid, triste et froid comme le métal dont il est construit »

Le bateau ne portera pas chance à Tabarly. Certes, il empoche un record de l’Atlantique en 1980 avec le trimaran mais le palmarès du « vilain oiseau » s’arrêtera là. Lors de la seconde édition de la Route du Rhum, il se retrouve contraint à l’abandon après avoir cassé le cylindre d’orientation du mât à peine trois jours après avoir quitté la cité corsaire.  

« Ce bateau est laid, triste et froid comme le métal dont il est construit »


                                                                                                                                 Marc Parjot

Le « gigantisme » a rattrapé les multicoques. Il ne s’arrête plus. Toutes les folies semblent permises. Pour beaucoup de navigateurs contemporains, c’est l’époque dorée des pionniers, celles qu’ils auraient adorées connaitre.


Invention la plus emblématique et la plus improbable de cette période psychédélique, le Prao Rosières de Guy Delage. Cette drôle de machine tordue dont l’équilibre repose sur un système de balancier ne franchira malheureusement pas le cap des dix premières minutes de course, provoquant ricanements et quolibets.

Mais le navigateur atypique à eu le mérite « d’oser » quand tout était encore permis.

A 29 ans, la voile olympique à définitivement été rangée dans les archives de la famille Pajot.

Marc se laisse désormais porter par la course au large, épaulé comme beaucoup d’autres par Eric Tabarly.


Il enquille les transats en équipage, en double, en solitaire. L’expérience durcit sa carapace.

Au départ de la route du Rhum 1982, il fait partie des favoris. Son catamaran géant Elf Aquitaine (20 mètres) ne passe pas inaperçu, comme le trimaran d’Eugène Riguidel, William Saurin (27 mètres).  

Rien ne sera plus jamais pareil après la première Route du Rhum. « Un pas essentiel vient d’être franchi » écrit au lendemain de la victoire de Birch le journaliste Jean-Paul Aymon. « Les petits ou les grands monstres à trois coques, qui, depuis cinquante ans, sont les parents pauvres, voire les parias du yachting international, sont aujourd’hui l’avenir de la compétition à la voile ».


Preuve en est, quatre ans plus tard au départ de la deuxième Route du Rhum, on compte quarante multicoques et seulement douze monocoques sur la ligne de départ. Aux machines lourdes et rassurantes succèdent des engins légers, acrobatiques, grisants et parfois démesurés.


Jusqu’à ce mois de novembre 1982, le nom de Marc Pajot est encore étroitement lié à celui de son frère ainé, Yves. Tous deux ont fait les grandes heures de la voile olympique dans les années 70 en remportant plusieurs titres de champions du monde et une médaille d’argent aux Jeux Olympiques de Munich.